La stratégie de la France en matière de cybersécurité s’intensifie d’année en année, s’accompagnant d’initiatives et de budgets d’envergure. Cette stratégie est perçue de manière positive par ses partenaires.

Dans une étude intitulée « Cyber Capabilities and National Power: A Net Assessment » et publiée en 2021, les chercheurs de l’institut britannique IISS ont évalué les stratégies cyber de 15 pays dans le monde. Selon eux, la France dispose de stratégies solides pour la sécurité dans le cyberespace, soutenues par des institutions matures et des lignes budgétaires régulières.

« La France s’est montrée très compétente et innovante en matière de cybersécurité, en préconisant une approche globale de la société. Elle privilégie également la réglementation comme moyen de faire face aux cybermenaces, comme en témoignent les nouvelles lois sur l’ingérence électorale et la protection des infrastructures nationales critiques », peut-on lire dans le rapport.

Une stratégie qui va crescendo année après année

Depuis 2015, la France s’est dotée d’une Stratégie nationale pour la sécurité du numérique, afin de répondre aux nouveaux enjeux nés des évolutions des usages numériques et des menaces qui y sont liées : cybercriminalité (y compris à des fins terroristes), propagation de fausses informations ou manipulations à grande échelle, espionnage à visée politique ou économique, attaques contre les infrastructures critiques à des fins de sabotage, etc.

Cette stratégie a par la suite été étoffée par la Stratégie internationale de la France pour le numérique, présentée par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en décembre 2017, puis par la Revue stratégique de cyberdéfense, lancée en février 2018. Cette dernière définit une doctrine de gestion des crises cyber, clarifie les objectifs d’une stratégie nationale de cyberdéfense et confirme la responsabilité première de l’État en la matière.

Le Campus Cyber, une première en Europe

En février 2022, la création du Campus Cyber, est la première initiative du genre en Europe. Vitrine de l’excellence cyber de la France et levier de souveraineté numérique, il a pour objectif de fédérer et de faire rayonner la communauté de la cybersécurité au plan national, mais aussi européen. Son ambition est également de développer des synergies entre les différents acteurs impliqués (grands groupes et PME, services de l’État, organismes de formation, acteurs de la recherche et associations).

Le lancement du Campus Cyber a eu lieu en parallèle de l’annonce de la stratégie nationale pour la cybersécurité. Dotée d’un budget d’un milliard d’euros, dont 720 millions de financements publics, cette dernière vise à multiplier par trois le chiffre d’affaires de la filière (passant de 7,3 milliards à 25 milliards d’euros) et à positionner la France par rapport à la concurrence internationale en doublant notamment les emplois de la filière (passant de 37 000 à 75 000), tout en faisant émerger trois scales-up françaises en cybersécurité.

Une position française forte en faveur du multilatéralisme

Sur la scène internationale, l’étude de l’institut IISS souligne l’engagement de la France en faveur d’un multilatéralisme sur les questions liées à la cybersécurité, ce qui présente de nombreux avantages, mais aussi un certain nombre d’inconvénients. « Les capacités offensives de la France sont matures mais probablement en retard sur celles des États-Unis et du Royaume-Uni. Son désir d’autonomie nationale sur les cybercapacités clés prive la France du gain potentiel d’une approche plus intégrée avec ses principaux alliés, mais elle est en conséquence moins dépendante d’eux », commente l’étude de l’IISS.

Au niveau européen, la France a ainsi toujours considéré le renforcement de la coopération opérationnelle entre les États membres comme nécessaire. L’objectif est, selon elle, de disposer, à l’échelle européenne, d’outils de partage d’information technique sur les menaces, permettant d’anticiper et de répondre rapidement à une attaque informatique. La mise en place en 2017 d’un cadre pour une réponse diplomatique conjointe de l’UE face aux actes de cybermalveillance (« Boîte à outils cyberdiplomatique ») s’inscrit pleinement dans cette démarche de coopération.

Tout comme, un an plus tard, l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace. Soutenu par plus de 1 200 entités, ce texte rappelle l’application du droit international et des droits de l’Homme dans le cyberespace et liste un certain nombre de principes fondamentaux – comportement responsable des États, monopole étatique de la violence légitime, reconnaissance des responsabilités spécifiques des acteurs privés – pour faire du cyberspace un espace sûr et de confiance. À travers ce texte, la France a résolument affirmé vouloir se distinguer de « l’Internet californien et de l’Internet chinois ».

La France mène donc depuis de nombreuses années une politique de cybersécurité active, inspirée par un nouveau multilatéralisme adapté aux réalités de l’espace numérique. Avec elle, la cybersécurité, encore considérée comme un sujet technique il y a quelques années, est aujourd’hui perçue comme un enjeu de politique publique, de politique commerciale et de stabilité internationale.

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