Farah Rigal était cette année la présidente du jury du prix de la start-up FIC 2023. Elle est vice-présidente et cheffe adjointe des services mondiaux de cybersécurité d’Atos. Ingénieure de formation, elle a accumulé les expériences au sein de groupes internationaux passant de la cryptographie à l’ingénierie logicielle, de la gestion des identités à la gouvernance ou encore les techniques de veille, de détection, d’analyse et de remédiation au sein des SOC. Arrivée en 2014 chez Atos, elle a participé au développement de l’activité cybersécurité de la société qui fait aujourd’hui figure de champion européen.
Que retenez-vous de cette édition 2023 ?
C’était ma première édition dans ce rôle de présidente et j’ai été fortement impressionnée par la qualité, la maturité et la diversité des projets. J’ai aussi été frappée par le nombre de start-ups européennes, puisque douze pays différents étaient représentés.
Que vous a apporté cette expérience ?
C’était très enrichissant d’un point de vue personnel. J’ai beaucoup aimé écouter les start-ups faire leur pitch, sentir ce vent frais des débuts et se retrouver au centre de ce qui se fait de mieux en termes d’innovation. Mais j’ai eu autant de plaisir à participer aux débats avec les autres membres du jury et à écouter leurs interventions avec toute la connaissance des écueils et l’anticipation dont ils étaient capables. C’était aussi un honneur de faire partie de ce jury dont la composition était variée (investisseurs, prescripteurs, industriels, CTO) et dont tous les membres sont des références dans leur domaine.
Vous étiez-vous fixé un cap ?
Je voulais qu’il y ait un vrai devoir d’exigence vis-à-vis de ces start-ups. Nous n’étions pas là simplement pour célébrer l’innovation et leurs atouts. Cela implique de leur faire un retour juste, critique et constructif. C’est le meilleur service que l’on puisse leur rendre.
Qu’est-ce qui distingue les lauréats des autres candidats ?
Toutes les start-ups primées (Anozr Way, Astran, Dust Mobile, Onekey et Filigran) ont pour points communs la passion qu’elles ont réussi à communiquer mais combinée à une très bonne connaissance du terrain. Cela nécessite soit d’avoir une équipe qui a de l’expérience, soit que ce soit le cas du CTO, ou encore que les start-ups aient pu être accompagnées et conseillées stratégiquement par des gens ayant ces connaissances.
Pour résumer, il ne suffit pas d’avoir une bonne idée techno et une bonne idée business. Il faut aussi de la maturité. On ne peut pas présenter un simple brouillon au client car ce dernier n’aura pas le temps et les ressources nécessaires pour faire mûrir en accompagnant le projet. Il faut déjà apporter de la satisfaction et de la valeur.
Quelles critiques d’ordre général pourriez-vous adresser aux candidats ?
Certains candidats ont peur de ne pas être suffisamment attractifs aux yeux du jury et ont la tentation de faire valoir une ambition sans mesure. Or, ce que nous attendons, c’est que le plan de développement qu’ils présentent soit cohérent et réaliste. Nous avions donc davantage d’exigence face aux candidats qui montraient le plus d’ambition. Par exemple, si c’est un projet international qui est visé, il faut avoir aller chercher les certifications, s’être renseigné sur la concurrence, etc.
Même chose concernant les technologies, il ne suffit pas de prononcer le mot deep learning et de promettre un bénéfice miracle pour impressionner le jury. Non seulement les candidats se doivent d’être transparents sur le fondement scientifique de leur projet, mais en plus il faut qu’ils sachent exactement où intégrer opérationnellement leur brique dans une solution déjà existante.
Comment voyez-vous l’avenir du prix FIC 2023 ?
Je pense que ce prix a beaucoup de potentiel et qu’il pourrait devenir incontournable au niveau européen et même mondial.