
Mieux vaut prévenir que guérir
Lieske Zonderland (spécialiste du comportement, Brigade de prévention de la cyberdélinquance [Cyber Offender Prevention Squad, ou COPS]) et Suzanne Ramaker (collaboratrice du programme Hack_Right) – Police nationale néerlandaise, Unité nationale de lutte contre la criminalité liée aux technologies de pointe.
La cybercriminalité progresse, son impact grandit, et les délinquants sont de plus en plus jeunes. De nombreuses raisons montrent que la prévention des délinquants visant la cybercriminalité devient de plus en plus importante :
- Les motifs de la cybercriminalité semblent diverger de ceux de la criminalité traditionnelle. Les jeunes cyberdélinquants ne sont pas uniquement motivés par l’appât financier ou la colère, contrairement aux crimes traditionnels. Ils tendent à être curieux, à vouloir améliorer leurs compétences ou à se chercher un défi. Ces motivations les rendent plus réceptifs à un changement de comportement et à des alternatives positives.
- L’impact potentiel des cyberattaques montre l’urgence de la prévention. Un seul cyberdélinquant peut potentiellement causer plus de dommages à la société en une fois que cent délinquants traditionnels en un an.
- Les tuteurs ignorent souvent les activités en ligne des jeunes dont ils ont la charge. Ces derniers peuvent ainsi se rendre sur des sites où ils sont susceptibles de faire la connaissance de pairs délinquants, qui peuvent avoir une influence négative sur eux. En ligne, personne n’est là pour corriger le comportement des jeunes.
- Les cyberdélinquants ne reçoivent pas les mêmes avertissements ou retours d’information que les délinquants traditionnels. Lorsqu’une personne commet un petit cyberdélit, elle reçoit rarement un retour sur son comportement. En fait, le plus souvent, un tel retour ne survient que lorsque les forces de l’ordre réagissent à un gros incident. Les cyberdélinquants ont donc un retour beaucoup plus tard que leurs homologues traditionnels. Et à ce moment-là, ils ont déjà bien progressé dans leur carrière cybercriminelle.
Les délinquants qui se trouvent au début d’un parcours cybercriminel doivent en être détournés avant qu’ils ne deviennent des cyberdélinquants graves. Il est donc important qu’ils sachent où se trouvent les limites en ligne et qu’ils connaissent les alternatives positives leur permettant d’exprimer leur éventuel talent informatique.
Équipe de prévention
Juin 2020 a vu la création de la COPS au sein de l’Unité nationale de lutte contre la criminalité liée aux technologies de pointe de la police néerlandaise. L’objectif de la COPS est de dissuader et détourner ceux qui sont à la limite de la cybercriminalité et de dégrader et perturber ceux qui y sont engagés dans cette voie. Les membres de l’équipe ont des compétences différentes (numériques/comportementales/interventionnelles). Grâce à l’expertise de chaque membre, ils développent des interventions créatives. Cette action est menée en collaboration avec des partenaires internes, externes et internationaux.
Interventions de prévention
Les interventions de prévention sont basées sur trois niveaux différents :
- la prévention primaire, qui concerne la société dans son ensemble ;
- la prévention secondaire, qui se concentre sur les groupes à risque ;
- la prévention tertiaire, qui cible les délinquants et l’évitement de la récidive.
Voici quelques exemples détaillés d’interventions de prévention développées par la COPS.
Prévention primaire
Tu n’es qu’à un clic de la cybercriminalité
En 2019, la police néerlandaise a lancé une campagne de sensibilisation à la cybercriminalité. La campagne s’intitulait « Tu n’est qu’à un clic de la cybercriminalité ». En une journée, elle a incité environ 10 000 jeunes à presque commettre un cybercrime grâce à des pièges en ligne. En les confrontant au fait que leur action était illégale, elle les a sensibilisés à la cybercriminalité et à ses conséquences potentielles. La vidéo qui a ensuite été réalisée a eu plus de 13 millions de vues. Parmi les jeunes qui ont regardé la vidéo, 52 % ont déclaré qu’elle avait changé leur comportement en ligne.
Prévention secondaire
re_B00TCMP
L’intervention re_B00TCMP cible les jeunes à risque de cybercriminalité et leurs parents ou enseignants. Son objectif est de les sensibiliser aux opportunités et aux risques du monde numérique. L’intervention re_B00TCMP consiste en un événement d’une journée au cours duquel différents ateliers sont proposés. La police propose un atelier sur les limites à ne pas franchir en ligne, tandis que les entreprises à la recherche de talents en informatique organisent des ateliers sur les possibilités de carrière ou les alternatives positives. En outre, plusieurs missions sont proposées pour mettre les jeunes au défi sur le plan numérique pendant la journée.
Annonces Google
Le projet AdWords est destiné aux jeunes à risque qui sont curieux d’en savoir plus sur la cybercriminalité de bas niveau (attaques DDoS). Grâce aux annonces dans la recherche Google, ils sont informés de ce qui est illégal, des conséquences et des alternatives positives. L’objectif est d’éviter qu’ils ne continuent sur la voie de la cybercriminalité. Nous travaillons en étroite collaboration avec des scientifiques et des partenaires privés pour valider et faire connaître les effets de cette intervention.
Prévention tertiaire
Hack_Right
Hack_Right est une intervention de la justice pénale qui peut être imposée aux jeunes cyberdélinquants (âgés de 12 à 23 ans), qui en sont à leur premier cyberdélit. L’intervention comporte quatre parties : « limites juridiques et éthiques », « prise de conscience de l’impact, excuses et réparation des dommages », « talent numérique » et « résilience numérique ». L’intervention vise à prévenir la récidive et à encourager l’utilisation prosociale et légale du talent numérique. Hack_Right est mise en œuvre par des organismes publics, tels que des organismes de probation, avec des partenaires du secteur de la cybersécurité.
Cease & Desist
L’objectif de l’intervention Cease & Desist (Arrête et lâche l’affaire !) est d’avertir les jeunes cyberdélinquants (potentiels) et de leur faire prendre pleinement conscience des conséquences de leurs actes. Le jeune cyberdélinquant (potentiel) reçoit la visite des forces de l’ordre, qui lui donne un dernier avertissement. Ce transfert du monde en ligne vers le monde physique et cette visite atténuent le sentiment d’anonymat. En outre, ces discussions donnent au jeune un aperçu des conséquences et de l’illégalité de son comportement. Ces conversations peuvent aussi être complétées ou remplacées par un avertissement écrit, sous la forme d’un courriel ou d’une lettre.
Contactez-nous !
Vous pensez qu’il est urgent de prévenir la cybercriminalité ? Vous souhaitez plus d’informations sur la prévention, sur notre équipe ou nos interventions ? Alors, écrivez-nous à daderpreventie@politie.nl. Nous nous réjouissons à l’avance de vous aider à faire davantage de prévention. Car comme le disait le Néerlandais Érasme : « Mieux vaut prévenir que guérir ! »
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