Les stratégies « numérique responsable » mises en place par les entreprises sont autant d’occasions de renforcer leurs capacités à résister aux crises, à se différencier de la concurrence et à se mettre en conformité réglementaire.

Selon une note d’analyse du Shift Project datant de mars 2021 et intitulée « Impact environnemental du numérique : tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G », les activités numériques sont responsables de 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En raison de la croissance des usages, la part de cette empreinte carbone pourrait doubler d’ici 2025.

En France, la part des émissions de CO2 du numérique est estimée à 2,5 %, selon les données du Ministère de la transition écologique. Mais la part du secteur pourrait atteindre 6,7 % de l’empreinte carbone nationale d’ici 2040 selon une mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique menée par le Sénat.

Dans les entreprises, une véritable prise de conscience s’est opérée ces dernières années et des plans d’action liés au « numérique responsable » se mettent en œuvre. Les chantiers potentiels sont nombreux : inventaire des parcs matériels « utilisateurs » et « infrastructure », bilans carbone, campagnes de sensibilisation internes, politique d’achats IT responsables, maîtrise des DEEE (Déchets d’équipement électrique et électronique) et réemploi, amélioration de l’accessibilité numérique, conception responsable de services numériques, travaux autour de l’éthique de l’intelligence artificielle…

Numérique responsable : de multiples actions possibles

L’ensemble de ces actions sont autant de facteurs de résilience pour les organisations de toutes tailles et de tous secteurs. À travers tout d’abord une politique de « Green IT », le numérique responsable s’attelle à réduire la consommation électrique de l’infrastructure informatique (serveurs, centres de données…), mais aussi celle des terminaux utilisateurs (écrans, smartphones…) et du parc d’imprimantes. Il devient ainsi un levier d’économie financière.

En mettant l’accent sur une politique d’achats IT responsables, les entreprises sécurisent par ailleurs leurs approvisionnements durables, dans le respect d’un contexte réglementaire de plus en plus contraignant : la loi AGEC (loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire) ou encore la loi REEN (loi Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique en France).

Définir et déployer une stratégie liée au numérique responsable produit également des effets sur l’attractivité de l’entreprise et sa marque employeur. Selon une enquête du cabinet Walters People, les valeurs et la culture d’une organisation arrivent en deuxième position dans les critères de choix des candidats (41 %), derrière l’intérêt du poste et la rémunération (75 %). L’engagement d’une société dans les trois volets composant le numérique responsable (écologique, économique et social) a donc des impacts immédiats sur sa capacité à recruter les meilleurs talents, à les garder motivés et à les fidéliser.

Selon une étude de Michael Page Technology publiée en 2021, près de 80 % des entreprises rencontrent des difficultés pour recruter les profils IT dont elles ont besoin pour mener à bien leurs projets de transformation. Le numérique responsable peut donc contribuer à pallier cette difficulté et à donner à l’entreprise de réels atouts (image de marque et valeurs attractives pour les candidats, engagement et donc fidélisation des collaborateurs en poste, etc.).

Enfin, le numérique responsable permet de se différencier de la concurrence lors des appels d’offres émis par les grands groupes, facilitant ainsi l’accès à de nouveaux marchés. Les donneurs d’ordres insèrent en effet de plus en plus de critères RSE dans leurs consultations, privilégiant les fournisseurs les plus vertueux. La loi REEN introduit d’ailleurs l’obligation, pour les communes de plus de 50 000 habitants, de se doter d’une stratégie numérique responsable à partir du 1er janvier 2025. Ce qui aura des conséquences directes sur la commande publique.

La RSE au service de la performance des entreprises

Plus globalement, de nombreuses études établissent un lien de causalité entre les actions RSE (le numérique responsable faisant partie intégrante de la politique RSE) et la performance des entreprises. Une étude intitulée « Responsabilité sociale des entreprises et compétitivité », menée par France Stratégie, montre ainsi que la politique RSE des entreprises leur procure un gain de performance de l’ordre de 13 % en moyenne par rapport aux sociétés qui ne l’introduisent pas, en particulier quand elle relève de l’initiative volontaire et non de mesures contraignantes.

« Prendre en compte les intérêts des autres parties prenantes peut ainsi constituer, au-delà des déclarations de principes, un véritable enjeu concret et tangible pour les entreprises (et pour toutes les parties prenantes). Les auteurs plaident ainsi pour le développement d’une stratégie française axée sur la responsabilité et la compétitivité », peut-on lire dans l’étude de France Stratégie.

Dans des travaux de recherche intitulés « La contribution de la RSE au renforcement de la résilience des entreprises », deux chercheurs de l’Institut des Hautes Études Commerciales de Sfax, en Tunisie, mettent en évidence que la RSE « présente un ensemble d’avantages permettant aux entreprises de maximiser leur chance d’exister et même de se différencier par rapport aux concurrents. Ainsi, la revue de la littérature montre que la RSE peut servir comme un outil de résilience organisationnelle à travers la protection de la réputation, le support des parties prenantes, la détention d’un avantage compétitif durable et le maintien de la performance ».

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