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Petite histoire d’entreprenariat au féminin

La route vers l’entreprenariat est aussi longue et sinueuse qu’elle est intense.

J’avais toujours eu comme ambition de m’installer, d’être mon propre patron (ou ma propre patronne) mais comment se lancer, quand définir que c’est le bon moment ?

Oriana Labruyère - 08 mars 2022

Comme beaucoup de choses dans la vie, le bon moment est juste celui où vous prenez cette décision. Il n’y a pas de « bon moment », il n’y a qu’un pas à faire. C’est lorsque j’étais enceinte que j’ai décidé qu’à court, ou moyen terme, je mettrais un terme à mon statut de collaboratrice au profit de l’entreprenariat à 100%.

À cette époque, harcelée par ma supérieure qui se moquait de ma prise de poids (elle devait être surprise qu’une femme enceinte prenne du poids), j’entendais souvent que ce projet de créer mon cabinet était déraisonnable car j’allais être mère de famille, que j’aurai moins de temps à consacrer à ma vie professionnelle et que de toute façon, le sacrosaint « instinct maternel » me ferait changer d’avis.

2017. Se décider.

Durant mes premières années de vie professionnelle, il était évident que j’allais évoluer dans le domaine du numérique. Tout m’y a conduite et ce monde m’a accueillie avec enthousiasme. J’y ai rencontré des gens passionnés et donc passionnants. J’ai énormément appris (et c’est encore le cas aujourd’hui heureusement) sur la compréhension du monde numérique qui nous enlace. Alors, après la naissance de mon fils, tout a été plus évident. Après quelques semaines à ne parler que de ma volonté de m’installer, à mon entourage, dans mon réseau, les premières propositions sont arrivées. Un matin du mois de juin, après la lecture de la fable de La Fontaine « Le Chien et le Loup », j’ai remis ma démission.

2018. S’installer, enfin.

Puis les mois ont passé et l’activité s’est mise en place. Trouver des locaux, structurer une modeste équipe… Finalement avec un peu de patience et beaucoup de ténacité, tout fut possible. J’ai alors constaté que ma vie passée me servait d’appui dans ce développement. Évidemment, certaines personnes changent d’entreprise et viennent à nous lors de ce changement. Puis il y a les professionnels « conflictés », surmenés, indisponibles qui sont ravis de nous adresser des clients. Grâce à eux, après huit mois, on était trois à temps plein. Ma participation à différents évènements pour poser la position du légal sur des sujets finalement très techniques, permet de rapprocher l’avocat du métier. Œuvrer aussi pour l’accessibilité de mon métier est mon challenge quotidien ; le fait d’être une femme dans ce monde majoritairement masculin n’a en aucun cas été un frein.

2019. S’ouvrir pour grandir.

Dans mon quotidien, il y a des DSI, des RSSI, des administrateurs réseaux, des créateurs de solutions, une myriade de métiers très éloignés du juridique et c’est cela qui fait la richesse de mon quotidien. Découvrir un nouveau métier, s’ouvrir à un regard sur un enjeu, technique ou business, est quotidien dans le monde du numérique. Dès lors, il devenait évident que je devais accueillir une autre profession, complémentaire, pour enrichir ma pratique. La synergie existante avec le contrôle interne et de la gestion de risque était également évidente. J’ai donc proposé à Justine Cabanis, devenue mon associée depuis, de me rejoindre. Elle avait (et les a toujours) toutes les qualités requises pour que nous puissions proposer une offre cohérente complète. Nous avions déjà beaucoup collaboré par le passé et c’était naturel de travailler ensemble. Nous avons les mêmes valeurs et ambitions. Nous avons alors repris nos bonnes habitudes et nous avons développé des structures où nous espérons qu’il fait bon vivre.

2022. Structurer pour demain.

Nous avons constitué une équipe de sept personnes, réparties au sein d’un cabinet d’avocat et d’un cabinet de conseil, pour répondre aux besoins de plus d’une centaine de clients. Malgré la crise, nous avons accepté de prendre des risques pour nous et nos entreprises. Nous avons appris (et apprenons encore) à structurer notre activité, à piloter le quotidien, à manager, à nous projeter à 5 et 10 ans. Nous avons à cœur de réaliser notre projet sans perdre nos valeurs, ce qui fait que nous formons une équipe investie et solidaire.

Nous ne pensons pas que nos ambitions, nos clients, nos entreprises soient genrés ou diffèrent du fait que nous soyons des femmes à la tête de nos structures. La raison principale tient sans doute dans la confiance qui nous lie à nos clients et qui dépasse notre genre. Et dans le monde des étiquettes où la concurrence fait rage, on m’a plus souvent reproché d’être avocate qu’être femme…

Alors, hommes, femmes, le projet de création exacerbe simplement ce que nous sommes intrinsèquement. Pour nous, il devient une maison dans laquelle nous pouvons nous épanouir, ensemble et individuellement.

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