Le collectif journalistique Forbidden Stories a infiltré cette société, qui se vante d’être intervenue dans « 33 campagnes électorales au niveau présidentiel »

Le collectif de journalistes d’investigation Forbidden Stories a révélé, le 15 février 2023, les agissements d’une société israélienne de manipulation d’opinion. L’entreprise, sans existence légale, a été surnommée « Team Jorge » par les journalistes, d’après le pseudonyme (« Jorge ») de Tal Hanan, un de ses fondateurs. Elle est composée d’anciens employés des services secrets israéliens.

Trois membres de Forbidden Stories se sont fait passer pour des clients potentiels de la société d’influence. Ils ont ainsi pu échanger avec ce fameux Jorge, qui fut impliqué en 2018 dans le scandale de Cambridge Analytica.

Selon lui, sa société serait intervenue dans « 33 campagnes électorales au niveau présidentiel », dont « 27 ont été un succès ». Les deux-tiers auraient eu lieu « en Afrique anglophone et francophone ». En Europe, la société aurait notamment influencé le référendum organisé par les indépendantistes catalans, non reconnu par le gouvernement espagnol.

La « Team Jorge » s’appuie pour cela sur une plateforme permettant d’activer et d’animer des faux comptes sur des réseaux sociaux. « Début janvier 2023, le système exploitait 39 213 faux profils différents, consultables dans une sorte de catalogue. On y trouve des avatars de toutes ethnies et nationalités, de tous genres, célibataires ou en couple… », précise l’enquête de Forbidden Stories.

L’entreprise pratique également l’espionnage et le piratage de personnalités-clé. Jorge a ainsi pris le contrôle, devant les journalistes, des messageries de plusieurs responsables africains de haut niveau. Il était ensuite capable d’échanger avec leurs contacts, comme s’il était le propriétaire légitime de ces comptes.

La « Team Jorge » propose aussi des actions de lobbying ou d’influence auprès de journalistes ou de décideurs. Un journaliste de BFMTV, Rachid M’Barki, aurait ainsi été mis a pied à la suite d’une collaboration avec la société. Il aurait diffusé, selon Forbidden Stories, des brèves « fournies clés en main pour le compte de clients étrangers », portant sur le Qatar ou des oligarques russes.

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