(par Guillaume Tissier, Président de CEIS)

La souveraineté numérique, plus on en parle, moins on en a… Commission d’enquête au Sénat, publications, colloques etc. : les travaux sur le sujet se multiplient, signe que la France, et de façon plus globale l’Europe, sont particulièrement à la peine, mais également que la prise de conscience fait son chemin. Avec un écueil : que le débat reste purement incantatoire et que tous les prétextes soient bons pour reculer devant l’obstacle. Quel responsable de sécurité ne s’est pas entendu dire un jour lors du choix d’une solution de cloud extra-européenne : « vous comprenez, nous n’avons pas le choix… » ?

Ce défaitisme est d’autant plus scandaleux que l’on ne peut plus dire, depuis Snowden, que l’on ne connaissait pas les risques – il serait bon de s’en rappeler au moment où l’on parle à juste titre des risques liés à la 5G –. Plus possible, non plus, d’ignorer les ravages de l’extraterritorialité du droit américain qui couvre aujourd’hui tous les domaines (cf. le récent rapport du député Raphaël Gauvain). Plus possible, enfin, de s’abriter derrière le principe de réalité en disant qu’il n’existe pas d’alternatives. Les offres européennes en matière de numérique de confiance se développent à grande vitesse.

Bien sûr, la dynamique est encore trop lente, notamment du fait de nos capacités d’investissement limitées. Bien sûr, le marché européen est encore beaucoup trop fractionné. Bien sûr, on ne rattrapera pas de sitôt certains géants qui bénéficient à plein de l’effet réseau liée à leur taille et jouent à fond la carte du « winner takes all« . Mais grâce à une innovation dynamique, au droit (RGPD, e-evidence, e-idas…), aux normes (comme par exemple SecNumCloud), à une diplomatie volontariste (à l’image de l’Appel de Paris), mais aussi à l’impôt (la taxe GAFA), la France et l’Europe retrouvent des marges de manoeuvre, et donc une capacité de choisir son avenir numérique, voire son avenir tout court…

Cette souveraineté numérique doit donc maintenant se traduire dans les actes par un réflexe patriotique qui consiste pour les individus, les organisations et les Etats européens à faire le pari de solutions numériques européennes, en particulier en matière de cloud computing, d’hébergement de données, de sécurité ou d’identité numérique. Nos données doivent d’abord créer de la richesse ici.

Guillaume Tissier, président de CEIS, co-organise le FIC depuis 2013.

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