Pour résoudre les difficultés nées de l’analyse de données et de l’utilisation de l’IA, la start-up datacraft réunit les expertises de data-scientists, de chercheurs et de spécialistes issus de secteurs variés. Alors que le marché des données, et les interrogations qu’il suscite, vont se développer, inCyber vous présente le mode de fonctionnement de ce réseau.

A quel besoin répond datacraft ? Dans un rapport de la DINUM, publié en 2021, sur le besoin en compétences « data », on peut lire que « le partage d’expérience, le dialogue entre pairs est aussi important dans un domaine fortement évolutif et pour lequel le data scientist n’est pas nécessairement en mesure de maîtriser l’ensemble des techniques avec la même acuité ».

Un tel dialogue a lieu au cours des ateliers que la start-up organise depuis sa création, en février 2020. Les participants conviés sont soit des collaborateurs des 36 entreprises adhérentes (comme Accor, Danone, l‘URSSAF, Wavestone, Bouygues, Crédit Agricole, FDJ, INSEP) soit des chercheurs.

« On organise un échange de bonnes pratiques. Si un membre rencontre un problème, il va nous l’exposer et on va monter un atelier avec lui en se demandant quel autre de nos adhérents sera intéressé. Nous créerons l’atelier pour permettre un échange de bonnes pratiques entre experts et une accélération des projets des participants, explique Isabelle Hilali, la co-fondatrice de datacraft.

Les problématiques abordées sont extrêmement diverses – A titre d’exemple cela peut concerner l’existence de biais parmi des données ou l’explicabilité d’un système expert. Les ateliers portent aussi sur des technologies spécifiques (vision par ordinateur, traitement automatique du langage, système de recommandation…). Dans tous les cas, les participants s’exercent eux-mêmes et s’entraident à partir d’un cas réel proposé par un membre du Club et préparé à cette occasion. Leur mise en situation permettra le début d’une collaboration, susceptible d’aboutir à la mise au point de nouveaux outils.

Un lieu de rencontre pour rendre possible l’innovation

Selon Isabelle Hilali, le modèle de datacraft se distingue en permettant à des collaborateurs d’entreprises privées et des chercheurs ayant des compétences complémentaires de se rencontrer et de travailler ensemble et s’entraider de façon très opérationnelle. Avec l’ambition d’œuvrer ensemble et rapidement à la réalisation d’un projet.

datacraft a ainsi permis, en 2020, au programme Alcov2 de démarrer en mettant en relation une équipe de chercheurs du Collège de France avec les sociétés BVA, Bilendi et Ekimetrics. Objectif : étudier les modèles de propagation d’un virus à partir de foyers d’infection. Isabelle Hilali nous donne un autre exemple. « Un de nos membres travaillait sur ses modèles de prévisions de ventes. Il avait des modèles très performants mais des événements inattendus, comme le Covid-19 et la guerre en Ukraine les ont obligés à revoir ce qu’ils avaient bâti. On a sollicité notre écosystème pour savoir qui cela intéresserait. À l’université de Lorraine, il y a une équipe qui travaille sur des sujets de causalité et que ces modèles de prévisions intéressaient. C’était pour eux un moyen d’appliquer leur modèle théorique à des données réelles », précise-t-elle.

Résultat : une collaboration qui a fait avancer la connaissance théorique tout en résolvant une problématique concrète d’entreprise.

Une offre de formation pour maîtriser l’IA

De manière informelle, ces ateliers permettent d’améliorer les aptitudes des participants. « Nous ne faisons pas de montée en compétences même si nous nous intéressons aux compétences de nos membres. Une évaluation formelle alourdirait les échanges », poursuit Isabelle Hilali. datacraft propose néanmoins des formations « classiques ». Elle a, par exemple, conçu un escape game digital à destination de tous les collaborateurs pour les immerger dans un projet d’IA, ou encore un programme d’acculturation aux enjeux de la data et de l’IA sous forme de vidéos d’une dizaine de minutes.

En outre, datacraft fait partie du projet Sorbonne.AI qui compte parmi les lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt « compétence et métier d’avenir » pour réaliser le plan France 2030. Ce projet consiste en un dispositif de formation sur une des priorités énoncées dans cette stratégie, en l’occurrence l’intelligence artificielle. datacraft y propose, en partenariat avec Sorbonne Université, des modules d’acculturation à l’Intelligence Artificielle.

Aider les start-ups à recruter et à se développer

datacraft ne s’adresse pas seulement aux spécialistes des algorithmes et des bases de données. Sa priorité est de répondre aux besoins des dirigeants, RH et DPO des entreprises et organisations publiques adhérentes. Elle organise pour cela des sessions de recrutement et a même créé une plateforme d’embauche spéciale pour les jeunes docteurs en IA et en data sciences.

Selon Isabelle Hilali, les indicateurs clés de performance de datacraft pourraient être les réponses à ces deux questions : « Est-ce que les participants ont pu augmenter leurs compétences pour gagner en performance ? » et « Est-ce que les ateliers et les rencontres de datacraft ont permis d’améliorer la fidélité des data scientists pour les entreprises et organisations adhérentes qui les emploient ? » S’il est plus complexe de mesurer le développement des compétences et de la performance, les témoignages de dirigeants ayant pu conserver pendant une année supplémentaire des collaborateurs experts abondent.

L’intérêt pour les questions d’IA a augmenté, particulièrement depuis le lancement de ChatGPT. Pour y répondre, datacraft a organisé, le 26 juin 2023, les datacraft Awards pour récompenser les usages de l’IA les plus intéressants. Cinq prix furent remis aux responsables des projets les plus audacieux, innovants, inclusifs ou encore les plus bénéfiques pour la société sans oublier l’entreprise dont le fonctionnement a été le mieux optimisé par l’IA.

Aider la filière de l’IA en France et au-delà

L’intérêt de datacraft est de préparer ses membres à l’émergence du marché européen de la donnée. Issu de l’entrée en vigueur, à partir de septembre 2023, du Data Governance Act, ce marché devrait croître pour représenter, selon la Commission Européenne, 829 milliards d’euros en 2027. Une situation qui générera des demandes de la part des organisations concernées. Un second texte de législations, plus tardif mais non moins important, est l’AI Act. Si la version finale de ce paquet législatif pourrait être établie d’ici fin 2023, les acteurs de la French Tech préparent déjà son application et pour les y aider. À ce titre, datacraft a co-organisé, avec l’association Impact AI, une journée spéciale sur les enjeux de ce règlement, le 15 décembre 2022.

Dans ce contexte porteur, datacraft prend son essor. La jeune pousse a noué des partenariats et devrait déménager dans les mois qui viennent pour créer un lieu de coworking apprenant dédié à l’IA à Paris. L’organisation souhaite aussi étendre son réseau hors de France en s’implantant au Maroc et aux États-Unis, en 2024. Un objectif qui a été fixé dès la création de datacraft. « Sur l’IA, il est important de comprendre comment cette technologie est appropriée dans les autres pays. […] Rester franco-français n’a aucun sens », affirme Isabelle Hilali.

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