La cyber hypothétique ou le risque de classe chapi-chapo
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Imaginons une entreprise hypothétique. Publique, privée, grande entreprise, PME, administration. Ou une filiale d’un grand groupe. Toujours hypothétique.
Au sein de cette filiale, The Big Boss (T2B) pourrait hypothétiquement décider que la maîtrise de l’informatique n’est pas la priorité, et voguer la galère sur les projets, les budgets, le shadow IT en veux-tu en voilà. En même temps il gère 250 dossiers tous contradictoires à la fois, difficile de lui reprocher de tout maîtriser, et cela n’est pas hypothétique.
Dans cette filiale se trouve d’ailleurs un DAF hypothétique qui, justement car il maîtrise la tirelire à flouze, décide qu’il y en a largement assez pour faire tourner tous ces PC, et d’ailleurs il a mis des sousous l’année dernière pourquoi faudrait-il qu’il recommence tous les ans. C’est toujours hypothétique bien entendu. En même temps, on lui demande de serrer les budgets chaque année, et cela n’est pas hypothétique.
Et aussi dans cette filiale se trouve un DRH hypothétique, qui lui pense qu’il y a largement assez de monde pour faire tourner tout ce bazar compliqué – et en plus un ingé ça coûte une blinde et pas hypothétique celle-là. D’ailleurs c’est bien connu, à part éviter de faire les bulletins de salaire à la main, ça sert à quoi tous ces PC ? En même temps, on lui demande de serrer les effectifs chaque année, et cela n’est pas hypothétique.
Il faut dire que T2B n’arrête pas de se faire rappeler à l’ordre par le T3B (The Big Big Boss), patron du siège, qui lui demande de faire toujours plus avec toujours moins. Sur ce coup, T2B, son DAF et son DRH se trouvent un tantinet entre un marteau et une enclume pas hypothétiques du tout.
Ironie de l’Histoire, tout comme le DAF maîtrise la ressource pépettes et le DRH la ressources bonhommes / dames et peuvent décider qu’à tel ou tel endroit il y en a bien assez ou trop.outes choses étant égales par ailleurs le DSI pourrait lui décider qu’à tel endroit il y a trop d’informatique par rapport aux enjeux métiers et aux moyens et qu’il faut en enlever. Par exemple au sein des équipes RH ou DAF, toujours de façon hypothétique.
Et les informaticiens en question pourraient aussi décider qu’après tout ils n’ont pas à jouer le rôle du jambon dans le sandwich et qu’en dehors des urgences – avérées, pas hypothétiques – le temps de travail c’est le temps de travail et qu’au delà y’a piscine ou macramé. De façon toujours hypothétique bien entendu.
Et les experts cyber me direz-vous ? Quand on voit le turn over pas du tout hypothétique, on se dit que ces experts hypothétiques ont tout intérêt à préserver leur santé mentale, à s’en tenir strictement à leur rôle de conseil et d’alerte et de faire avec les moyens qu’on leur donne sans se prendre hypothétiquement la tête.
À ce stade de mes élucubrations, vous vous êtes successivement dits « la faute à TBB », puis « la faute au DAF », puis « la faute au DRH », puis « la faute à T3B ». Mais non en fait : au-dessus de T3B il y a un T4B et ainsi de suite, et la seule chose de certaine dans cet hypothétique délire de plumitif c’est que l’ensemble de tous ces acteurs hypothétiques est lancé dans une course où plus personne ne maîtrise plus rien et où la seule certitude c’est que l’on est tous embarqués dans un monde de dingues. Juste pour vous en convaincre, essayez juste une fois de stopper un projet de déploiement d’un gros progiciel (genre un ERP) en plein milieu : dans le meilleur des cas vous finirez votre hypothétique carrière au milieu de blouses blanches à sourire bêtement en jouant à chat et à vous extasier devant une rediffusion de chapi-chapo.
Mais tout cela est hypothétique bien entendu.