Le RGPD pousse Meta à retarder le lancement de Threads dans l’Union européenne

Ce nouveau service, pensé comme une alternative à Twitter, échangera en effet de nombreuses données avec Instagram

Pour concurrencer Twitter, Meta a lancé, le 6 juillet 2023, un service de microblogging baptisé Threads. Déjà disponible aux États-Unis, il devrait se déployer rapidement dans une centaine de pays, mais pas dans l’Union européenne. Meta estime en effet que Threads n’est pas compatible avec le RGPD, qui interdit notamment le transfert de données personnelles d’une application à l’autre.

Or Meta propose aux utilisateurs d’Instagram de transférer automatiquement leur profil et leurs listes d’abonnés vers Threads – violant ainsi le droit européen. Meta n’a d’ailleurs même pas entamé les procédures pour obtenir un agrément européen pour Threads.

Le RGPD impose en effet une analyse d’impact relative à la protection des données pour tout nouveau produit « susceptible d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés ». Meta n’a pas transmis ce document à son autorité de tutelle pour la protection des données, la Data Protection Commission (DPC), équivalent irlandais de la Cnil.

Le groupe privilégie ainsi un lancement le plus rapide possible, quitte à délaisser l’immense marché européen, et à envisager plus tard une version de Threads compatible avec le RGPD. Meta utilise ici la même stratégie que Google, qui a préféré exclure l’Union européenne du lancement mondial de Bard, son alternative à ChatGPT.

Avec Threads, Meta veut s’engouffrer dans la brèche ouverte par les critiques portées contre Twitter depuis son rachat par Elon Musk, et s’imposer comme une alternative viable. « Les créateurs et personnalités publiques souhaitent disposer d’une plateforme gérée de manière sensée, à laquelle ils peuvent faire confiance », a ainsi indiqué Chris Cox, directeur des produits de Meta.

Cette prise de position peut sembler paradoxale devant les choix passés de Facebook en matière d’éthique et de modération des contenus dangereux, appelant à la haine, à la violence ou au harcèlement. Les « Facebook Files », notamment, ont montré que Meta a toujours préféré maximiser le temps passé sur ses plateformes à la sécurité de ses utilisateurs.