Depuis l’attaque-surprise du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les réseaux sociaux sont submergés par des contenus trompeurs et fallacieux, en particulier sur X (anciennement Twitter). Comment expliquer un tel niveau de désinformation sur le réseau social d’Elon Musk?

Hautement médiatisée sur les réseaux sociaux, la guerre Israël-Hamas a fait braquer les projecteurs sur Meta et TikTok, actuellement sous la loupe des officiels américains et européens. Mais c’est surtout X, le réseau social racheté par Elon Musk en octobre 2022, qui inquiète. En effet, la désinformation a explosé sur le réseau dès les premières minutes suivant l’attaque du 7 octobre 2023, et la situation ne semble pas s’améliorer.

L’approche communautaire des Community Notes – ces petits textes de fact-checking rédigés par des contributeurs bénévoles a presque entièrement remplacé le personnel de modération dissous par Musk, fin 2022, pour lutter contre la désinformation. Autrefois vue comme une expérience de modération innovante, les Community Notes sont pourtant dénoncées par plusieurs de ses contributeurs et des ex-salariés de la compagnie. Motifs : de nombreuses lacunes et une incapacité à traiter efficacement les contenus fallacieux.

En effet, les Community Notes sont susceptibles d’être manipulés, voire utilisés à des fins de désinformation. Des groupes peuvent se coordonner pour voter « pour » ou « contre » certaines Community Notes, une manière de contrôler l’orientation du fact-checking. L’analyse par WIRED de notes non-publiées révèle en outre la guerre informationnelle se déroulant à l’intérieur même du système. Plusieurs contributeurs ne font qu’embraser le chaos en disséminant eux-mêmes des théories de la conspiration à travers les notes.

Elon Musk a lui-même été accusé d’aggraver le brouillard informationnel sur la guerre Israël-Hamas. Le 8 octobre 2023, le milliardaire a recommandé deux comptes X reconnus pour avoir diffusé des contenus fallacieux, @WarMonitors et @sentdefender. Bien que le tweet ait été supprimé depuis, il aura été vu 11 millions de fois en moins de trois heures.

Au-delà des défaillances du système de fact-checking, le design de la plateforme et son algorithme de classement des publications sont également pointés du doigt. Une étude de la firme américaine NewsGuard a montré que 74% des publications fallacieuses virales sur la guerre Israël-Hamas ont été diffusées par des utilisateurs de comptes Premium. Grâce à leur petit crochet bleu, les utilisateurs Premium proposent des contenus ayant une meilleure visibilité sur la plateforme sans que le travail de recoupement et de vérification de l’information ne soit systématiquement effectué.

Le 12 octobre 2023, l’Union européenne a lancé une enquête pour savoir si X se conformait au DSA (Digital Services Act), qui vise à favoriser des environnements en ligne plus sécuritaires pour les internautes. En cas de non-conformité, les plateformes fautives risquent des amendes atteignant jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires annuel mondial.

Le surgissement de la vérité à travers le chaos : mission impossible ?

Alors que la guerre Israël-Hamas s’embrase, la demande d’informations à ce sujet est plus forte que l’offre. Conséquence : cela crée un espace d’opportunités pour plusieurs acteurs cherchant une notoriété politique et/ou des gains financiers grâce à la désinformation.

En véritable torrent, les narratifs mensongers vont jusqu’à s’immiscer dans les discours des plus hauts responsables politiques. Exemple : la sortie du président américain Joe Biden se disant horrifié par des images montrant la décapitation d’enfants israéliens par le Hamas. Un peu plus tard, la Maison-Blanche s’est rétractée en corrigeant le tir. Non seulement le président n’aurait pas confirmé ces informations de manière indépendante mais il n’aurait pas effectivement vu ces images.

Les hommes politiques ne sont pas les seuls à éprouver d’importantes difficultés à faire émerger la vérité sur la guerre. Des médias mondialement reconnus pour leur fiabilité, comme l’agence de presse britannique Reuters et le quotidien américain The New York Times, ont repris la fausse information selon laquelle des roquettes israéliennes auraient ciblé un hôpital à Gaza.

Le collectif d’OSINT Bellingcat, reconnu pour ses fortes capacités en matière de démystification de la désinformation, n’a pas non plus réussi à identifier formellement les responsables de cette frappe, dont le nombre de blessés et de morts est à vérifier. Au moment de la rédaction de cet article, les services de renseignements français et l’Associated Press (agence de presse américaine), annonçaient que la frappe avait probablement été causée par un missile palestinien.

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