Choix conformistes et manque de connaissance des entreprises, croyances en des fonctionnalités moins performantes et en des prix plus élevés… Les solutions collaboratives souveraines ont encore de nombreux freins à lever avant de gagner des parts de marché face aux GAFAM, selon l’étude menée par Jamespot et Poll&Roll.

Où en sont les administrations et entreprises françaises en matière de souveraineté numérique, et plus précisément en matière d’outils collaboratifs ? Telle est la question qu’a posée Jamespot, éditeur français de logiciels collaboratifs en mode SaaS, à l’occasion de la deuxième édition de son étude intitulée « Outils collaboratifs souverains : Qu’en pensent les entreprises françaises en 2023 ? » et réalisée en partenariat avec Poll&Roll, plateforme d’études de marché quantitatives automatisées.

Le premier enseignement de ce rapport, consacré à la perception et aux connaissances qu’ont les entreprises françaises des outils collaboratifs souverains, est que la notion de souveraineté est bien installée auprès des 200 entreprises faisant partie de l’échantillon ayant répondu à l’enquête. 93% des répondants connaissent le concept de souveraineté numérique. Ce taux monte à 100% si l’on se concentre sur les DRH et à 98 % sur les DSI interrogés. Près des deux tiers des répondants (59%) savent même exactement à quoi cela correspond. Une notoriété qualifiée qui progresse de 9 points d’une année sur l’autre.

 

« Nous avons mené cette étude car beaucoup de personnes parlent du sujet de la souveraineté numérique mais sans forcément le mesurer précisément. C’est une thématique qui est souvent abordée d’un point de vue qualitatif et non quantitatif. Nous avons principalement orienté notre étude sur la question de l’opinion des décideurs, afin de faire ressortir leur avis sur cette thématique », déclare Alain Garnier, président et cofondateur de Jamespot.

Par ailleurs, on lit dans l’étude que 80% des décisionnaires déclarent l’importance de cette souveraineté numérique, un quart d’entre eux affirmant même qu’elle est primordiale. La souveraineté numérique semble également, plus que jamais, un facteur de différenciation pour les entreprises.

Dans leur grande majorité (64%, soit près des deux tiers des répondants), les personnes interrogées estiment que le choix de s’équiper d’un tel outil, qu’il soit français ou européen, leur revient. Seuls 21% des personnes interrogées estiment que cette décision doit être imposée par des lois nationales, tandis que 15% des répondants placent l’enjeu législatif au niveau européen.

 

Des obstacles à faire sauter

L’étude montre également que le pourcentage d’entreprises qui s’équipent de solutions souveraines est pour le moment encore faible. Dans un marché qui reste fortement sous l’influence des solutions collaboratives américaines, 11% des répondants déclarent malgré tout être équipés d’outils souverains. « Ce chiffre peut sembler faible, mais il est en réalité un excellent signal qui doit progressivement motiver d’autres entreprises françaises à s’équiper. Il démontre que le fait de se passer des outils collaboratifs extra-européens, c’est possible ! », note Alain Garnier.

La première raison qui pousse les organisations à privilégier les outils collaboratifs américains est le fait que « tout le monde les utilise » (32%). Un tiers des répondants estiment également manquer de connaissance sur l’offre souveraine (31%). Un chiffre en légère baisse par rapport à 2022 (34%), qui récompense les efforts des éditeurs français et européens pour mieux se faire identifier. 27% des décisionnaires estiment par ailleurs que les fonctionnalités des outils souverains ne sont pas au niveau de celles des solutions américaines ; un pourcentage à mettre en regard du manque de connaissance de ces outils.

Le dernier frein concerne le niveau de prix : les outils nationaux sont jugés trop chers (26% des répondants contre 14% en 2022). « Quand j’ai découvert ce résultat, cela m’a fait rire. J’aimerais bien être plus cher que nos concurrents américains, cela voudrait dire que le prix utilisateur serait plus élevé, mais ce n’est pas le cas. Quand nous nous déployons dans le secteur public, nous le faisons très souvent, aussi, pour des raisons budgétaires. Ce sont des contrats où nous sommes mieux-disants que les GAFAM », commente Alain Garnier.

Et le patron de Jamespot de poursuivre : « Il y a donc un amalgame avec ce qui se passe dans la vraie vie, où chacun est persuadé que, parce que c’est fait en France, cela va coûter plus cher. Or dans le numérique, les GAFAM emploient des ingénieurs qu’ils payent plus cher qu’ailleurs et ils ont un marketing tellement dispendieux qu’ils sont, de toutes les façons, plus onéreux que leurs concurrents. »

Le réseau social d’entreprise passe devant l’Intranet

Les outils collaboratifs les plus utilisés restent, cette année encore, la messagerie, la visioconférence et la bureautique qui se maintiennent, dans cet ordre, aux trois premières places du podium. Toutefois, par rapport à l’an dernier, le réseau social d’entreprise progresse, devançant l’Intranet et les outils de gestion de projets. Une évolution qui s’explique par une mutation de l’Intranet vers un modèle toujours plus collaboratif.

« Cette nouvelle étude est très encourageante pour les éditeurs de solutions collaboratives souveraines, comme Jamespot. Le message passe, indiscutablement. L’écosystème de la Tech française doit continuer à se mobiliser et à se faire connaître des entreprises. Le dispositif ‘Je choisis la French Tech’ sera un levier intéressant sur lequel nous appuyer. Toutefois, si les entreprises ont pris conscience de l’intérêt et de l’importance de la souveraineté numérique, il existe encore un gap entre volonté et action », ajoute Alain Garnier.

Et le cofondateur de Jamespot de conclure : « Quand vous avez une solution qui est effectivement fonctionnelle, mieux-disante et souveraine, alors vous avez le vent dans le dos. Mais si, par exemple, votre solution est plus complexe ou plus chère que les autres, alors les décideurs feront marche arrière. Il y a donc vraiment un équilibre à trouver entre ces trois points. C’est un des enseignements de l’étude, mais aussi un impératif pour tout acteur européen. »

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