L’année 2022 aura encore vu le nombre des arnaques sur Internet exploser. Les pirates informatiques se professionnalisent de plus en plus. Ils utilisent également tous les moyens de communication mis à leurs dispositions en exploitant les failles technologiques et nos faiblesses. Aujourd’hui, force est de constater que nos enfants sont de plus en plus exposés. Dans un contexte global très tendu, il est temps pour les politiques de mettre la protection des citoyens, et qui plus est des enfants, au sommet de leurs priorités.

L’accès à Internet en haut débit et la généralisation des smartphones ont bouleversé nos interactions personnelles, nos modes de consommation, nos interactions avec les autorités, notre environnement de travail et plus généralement nos vies. Cependant, ce bouleversement, avec tous ces aspects positifs, s’est accompagné d’un côté sombre : arnaques, vols de données, harcèlement, contenus violents, propagande, chantage, fake news, pornographie, darknet, etc.

Par exemple, la hausse significative de l’énergie ces derniers mois a en effet eu pour conséquence de générer une vague d’arnaques proposant des offres attrayantes sur des sites paraissant très professionnels. Objectif : dérober les données bancaires ou d’identité des individus et piller leurs comptes en banque. Il s’agit là d’un phénomène qui est en train d’exploser.

Par ailleurs, les plus jeunes sont de plus en plus accros à un certain nombre de réseaux sociaux. A ce sujet Ofcom, le régulateur des télécoms britanniques, a publié une étude en mars 2022. On y apprend que l’âge moyen d’accès à TikTok est de 8 ans. Dans cette même étude, on peut lire que 16% des 3-4 ans ont vu du contenu sur ce même réseau social.

Concernant le temps moyen passé sur les réseaux sociaux, il ne fait que croître. Il est de 75 minutes par jour au niveau mondial, et de 87 minutes au États-Unis en 2022 selon une étude de Qustodio. Des chiffres qui dépassent de loin le temps passé sur les autres réseaux sociaux comme Snapchat, Instagram, Pinterest ou Facebook.

En décembre 2022, Emmanuel Macron a émis de nombreuses réserves sur TikTok et le contenu qui y est proposé. Il parle de propagande, d’addiction et de perturbateur psychologique, qualifiant de surcroît le réseau social d’une « naïveté confondante ». Le plus paradoxal concernant TikTok, c’est que l’application chinoise est très contrôlée dans l’Empire du Milieu : le contenu, filtré, porte principalement sur l’éducation et la culture, avec des plages horaires contrôlées pour les plus jeunes.

Les États -Unis se reposent la question de son interdiction. Le sujet est aussi sur la table de plusieurs États. Ainsi, les responsables des écoles publiques de Seattle ont déposé une plainte contre les réseaux sociaux TikTok, Facebook, Instagram, Snapchat et YouTube pour atteintes à la santé mentale des plus jeunes.

Et que dire de l’accès à la pornographie, si facile aujourd’hui, dont on connaît les effets catastrophiques à moyen terme (comportements sexuels déconnectés de tout affect, stéréotypes « dominant-dominé », abus sexuels, consommation de substances psychoactives ou alcools, dépression…). Nous sommes à la croisée des chemins et même si les autorités européennes et françaises parlent de ces enjeux depuis un certain temps, les décisions fermes et claires tardent à se mettre en place.

En France, des menaces de bloquer les sites ou des mises en demeure passibles de 75 000 euros d’amendes et trois ans d’emprisonnement ont été prononcées en 2021. Mais malheureusement, la mise en pratique est quasi impossible techniquement en raison de l’absence de ligne directrice claire ou imposée. Un nouveau rapport émanant du Sénat a été présenté en septembre 2022. On y lit que les procédés techniques actuels avaient tous des limites.

Que pourrait-on faire concrètement ?

Concernant les attaques de tout genre envers les citoyens, il y a surtout à faire de la pédagogie. Il faudrait que ces sujets soient traités et diffusés massivement à des horaires de grande écoute (radio, télévision, presse écrite), à des fins d’utilité publique. Pour rappel, sur 40 millions d’e-acheteurs en 2021, FranceVerif a dénombré 26 millions de victimes.

Il faut donc répéter, donner des exemples concrets et inviter chacun à la vigilance. Et bien entendu, inviter les individus à s’équiper en matière de protection de leurs équipements, à bien gérer leurs mots de passe, etc. Tout ceci aurait aussi des conséquences positives sur les entreprises et institutions publiques qui sont particulièrement touchées par les cyberattaques.

Concernant les enfants, leur protection doit être une priorité politique. Ils sont souvent soumis sur le web à des contenus violents, malveillants ou inappropriés pour leur âge tels que le harcèlement et la propagande. L’éducation est, encore une fois, cruciale dès le plus jeune âge. Nous avions des cours d’éducation civique, nous devrions donc délivrer aux enfants des cours d’éducation sur Internet. Et les parents ont un rôle capital à jouer pour contrôler ces usages et éviter les excès. Il existe d’ailleurs de nombreuses solutions de contrôle parental proposées par les opérateurs ou autres fournisseurs de logiciels de sécurité.

Il est d’ailleurs surprenant que l’âge légal d’inscription sur les réseaux sociaux ou des sites pornographiques se situe généralement entre 13 ans et 18 ans alors qu’en réalité, c’est entre 5 ans et 10 ans que tout commence, ce qui est dramatique. Pourtant, il existe aujourd’hui des solutions technologiques. Il revient donc aux politiques de ne plus se limiter et se contenter de rapports et menaces mais de s’assurer que des solutions techniques existent et de forcer les plateformes à les mettre en œuvre. Aussi, ils doivent s’accorder avec les autorités de régulation pour ne pas tomber dans des excès de précaution qui empêcheraient ces solutions techniques d’être utilisées.

Ainsi, nous disposons tous de caméras sur nos téléphones ou ordinateurs portables qui permettent de faire de la reconnaissance faciale. Et des technologies existent pour permettre d’évaluer l’âge via ces caméras sans pour autant conserver les données. Ainsi, au lieu de simplement demander « Avez-vous plus de 13 ans ou 18 ans ? » (ce à quoi un enfant de huit ans va répondre « oui » et donc pouvoir accéder au contenu), il devrait passer par une évaluation de son âge via la caméra.

Cela garantirait, a minima, qu’aucun enfant de moins de 13-14 ans ne pourrait s’inscrire et accéder à ces contenus. Ce serait une étape majeure dans la protection de l’enfance. Espérons que 2023 sera l’année où des décisions concrètes seront prises et ne pas s’en tenir seulement à des commissions qui rapportent à d’autres commissions.

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