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20 janvier 2025 : Jour J de la grande bascule pour HelloQuitteX


Ce lundi 20 janvier aura lieu l’investiture de Donald Trump et, par la même occasion, l’intronisation d’Elon Musk dans son gouvernement. Cette date marquera une étape de plus dans l’emprise sur les démocraties du milliardaire, qui n‘aura alors plus aucun compte à rendre à la justice. Selon le collectif HelloQuitteX, porté par David Chavalarias, directeur de recherche CNRS au sein de l’Institut des Systèmes Complexes de Paris-IDF, cette semaine est donc le moment parfait pour faire ses bagages d’X et migrer vers des alternatives non toxiques pour la vie privée et le débat public, et respectueuses de la liberté d’expression.
« HelloQuitteX est né de la fusion entre trois groupes, confie David Chavalarias. Mi-novembre 2024 est né Escape-X, collectif tentant de créer un départ collectif de Twitter. Simultanément est né HelloQuitteX, dont le but était de développer une plate-forme CNRS de portabilité du graphe social de X, qui s’activerait le 20 Janvier. Les deux initiatives comportant des compétences complémentaires et étant parfaitement alignées sur le diagnostic, la stratégie et le timing, elles ont décidé de se regrouper sous la bannière HelloQuitteX. Très rapidement, le mouvement citoyen On est prêt nous a rejoint et a apporté son expertise sur la mobilisation citoyenne ».
Afin d’accompagner les utilisateurs d’X dans leur fuite du réseau X vers des plate-formes comme BlueSky et Mastodon, l’Institut des Systèmes Complexes de Paris a conçu avec le collectif HelloQuitteX, une application web gratuite, sécurisée et conforme au RGPD, développée à partir d’un logiciel libre. Elle leur permet de retrouver automatiquement leurs abonnés sur BlueSky et Mastodon, réseaux décentralisés basés sur des protocoles ouverts. HelloQuitteX est principalement composée d’une trentaine de bénévoles. Une campagne de dons a été lancée pour couvrir les frais et accélérer le mouvement. Au 16 janvier 2025, 22000 euros ont été réunis et ont permis de rémunérer des professionnels de l’animation de campagnes de mobilisation.
« La présidentielle américaine n’a laissé guère de doute quant à la menace que constitue X pour la liberté de la presse et d’expression, démontrant l’importance de la déontologie journalistique, estiment les protagonistes du collectif. L’usage de X est incompatible avec une information fiable : il amplifie l’hostilité des débats et concentre le pouvoir entre les mains de ses alliés idéologiques. Le réseau social n’est plus modéré correctement. Il donne plus de poids à la désinformation qu’à l’information et les opérations d’ingérence électorales et étrangères y prolifèrent. Il abîme la démocratie en diffusant des fausses informations, en renforçant certains types de contenu et en invisibilisant d’autres ». Pour HelloQuitteX, le réseau social est devenu la chambre d’écho exclusive des lubies d’Elon Musk, qu’il manipule à sa guise. Si Twitter était une rue numérique imparfaite, il permettait l’expression du pluralisme. X est devenu un outil de propagande d’extrême droite à l’échelle planétaire, empêchant ce pluralisme.
Un vaste mouvement côté associatif et syndical
Parmi les organisations qui ont rejoint HelloQuitteX, on trouve l’Université de Strasbourg, Greenpeace France, Mediapart ou encore The Guardian, ainsi que plus de quatre-vingt associations et syndicats (Alternatiba, CLCV, Emmaüs Connect, ESS France, la Fédération des Mutuelles de France, la Ligue des Droits de L’Homme, le Syndicat National des Journalistes, Zéro Waste France…), qui s’en expliquent dans une tribune, rédigée par et à l’initiative d’Emmaüs France. Celle-ci est ouverte aux signatures des associations, syndicats et fédérations de lutte contre l’exclusion, de solidarité, de défense de la dignité humaine et de l’environnement.
« Déjà pointé du doigt à de multiples occasions depuis sa création en 2006, les critiques à l’encontre de X – ex Twitter – sont de plus en plus nombreuses et fortes, particulièrement depuis son rachat par le milliardaire américain Elon Musk, souligne la tribune. L’absence de modération et le paramétrage des algorithmes y favorisent la prolifération des contenus haineux et la circulation de théories complotistes et climatosceptiques. Par ailleurs, X a été le théâtre de campagnes de cyberharcèlement orchestrées par l’extrême-droite dans de nombreux pays, dont les États-Unis et la France plus récemment, Elon Musk a utilisé « son » réseau social pour le mettre au profit de la campagne du candidat Trump, avec le résultat qu’on connaît, et les conséquences que nous redoutons, très probablement catastrophiques, sur la vie de dizaines de millions de personnes… ».
Le plan d’action d’HelloQuitteX
C’est au début du mois de décembre que le site web HelloQuitteX.com en français, proposant des contenus pédagogiques qui expliquent les dangers de X et les alternatives existantes, a été mis en ligne, suivi du site en anglais. Dans la foulée, la phase 1 de la migration des utilisateurs a commencé depuis la mi décembre. Cette étape leur permet, grâce à l’application, de télécharger le fichier de leurs abonnés et abonnements, fourni par le réseau social X au moment où ils réclament leur archive X. La plate-forme HelloQuitteX leur apporte ensuite son aide pour établir la correspondance entre leurs contacts sur X et leurs comptes sur BlueSky ou Mastodon. « À ce jour, quelque 10 millions de connexions ont été référencées dans l’application. Tandis que plus de 6 000 comptes et plus de 9 millions de contacts ont été traités par la plate-forme », précise David Chavalarias.
Enfin, le 20 janvier va marquer l’activation de la phase 2 de la migration. À cette date, HelloQuitteX reconnectera automatiquement à ses followers et à ses abonnements chaque utilisateur enregistré sur les plate-formes BlueSky ou Mastodon. Avec son consentement, sans stocker les mots de passe et en ne conservant que les informations nécessaires à la migration, qui seront supprimées une fois l’opération terminée. « X n’a de pouvoir que parce que nous y sommes. Si nous sommes des milliers à quitter ce réseau, alors progressivement nous le désarmerons, affirme le directeur de recherche. À notre connaissance, nous sommes le seul projet proposant une plate-forme de migration exacte, L’application continuera de fonctionner après le 20 janvier. Des outils existent pour essayer de retrouver ses followers, mais sans garantie. Avec notre approche, tout utilisateur peut s’inscrire sur notre plate-forme en moins de 5 minutes. Si chacun fait cette démarche, nous sortons les démocraties de ce réseau toxique tout en préservant le capital social qui s’y est constitué pendant des années ».
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