Le leader mondial du e-commerce voit les choses en grand. En cinq ans, il souhaite former 600 000 étudiants et professionnels aux métiers du numérique. Soutenue par les écoles et les sociétés du secteur, la démarche illustre surtout la volonté des géants de la tech d’occuper une place croissante dans la formation.                                                          

Cryptologue, chasseur de prime, OSINT analyst… La cybersécurité est un secteur en pleine ébullition. De nouveaux métiers sont déjà incontournables et d’autres vont rapidement le devenir. D’ici à 2025, les autorités françaises veulent doubler le nombre d’emplois du secteur. Problème : à peine un quart des emplois proposés trouve aujourd’hui preneur. Tant chez les futurs ou jeunes diplômés que chez les collaborateurs déjà en activité aussi, la demande de formation est forte. Selon une étude récente menée par Amazon et Strand Partners, pas plus de 13 % des employés actuellement en poste en France suivent des formations pour acquérir de nouvelles compétences dans le numérique. D’après les répondants, les principaux obstacles sont : 

  • le coût élevé de ces formations, 
  • le manque de temps 
  • la méconnaissance des possibilités existantes, notamment en matière de financement. 

La société de Jeff Bezos va donc proposer aux apprenants – étudiants, personnes en reconversion ou professionnels en poste – de nouveaux cours en ligne gratuits (plus de 600 dont 200 en langue française) via sa filiale AWS (Amazon Web Services) et sa plateforme AWS Skill Builders, Les développeurs et ingénieurs aguerris pourront, eux, se spécialiser et décrocher des certifications recherchées par les employeurs. Depuis 2017, la marque à la flèche a déjà formé en France 200 000 personnes à ces nouvelles compétences. Ce sera trois fois plus dans les cinq ans qui viennent. 

Des besoins énormes  

Amazon va également lancer en France son programme « AWS Skills to Jobs Tech Alliance » en direction cette fois des écoles d’informatique, en partenariat avec France Travail, mais aussi en lien avec Station F, l’incubateur de start-up de Xavier Niel (chez qui Amazon organisait en octobre 2024 son premier forum des métiers et carrières d’avenir, ndlr) et d’autres poids lourds du secteur comme Capgemini, Apside ou encore Datascientest. AWS entend ainsi toucher 25 000 étudiants en six ans. « Les besoins sont énormes, affirme Julien Lépine, le directeur des architectes solutions chez AWS France. Les écoles n’ont pas la capacité de former suffisamment d’élèves. Les statistiques le montrent : pour un emploi posté dans le numérique chez France Travail, c’est seulement 0,24 candidat en sortie d’école. On risque d’avoir un déficit de 1,5 million de personnes qualifiées dans notre pays. » L’opération se concentrera d’abord sur Paris, Lyon et en région PACA. Amazon prévoit également d’investir 50 millions d’euros pour former d’ici 2030 ses 22 000 salariés en France. « Grâce à nos programmes de formation et de financement, plus de 5 300 de nos collaborateurs ont déjà décroché depuis 2021 des diplômes reconnus par l’État ou suivi des formations certifiantes pour acquérir de nouvelles compétences dans des métiers de la data science, de la mécatronique ou encore de la santé », se félicite Frédéric Duval, directeur général d’Amazon.fr. 

Démocratiser l’accès à la technologie

Selon une enquête d’AWS et d’Access Partnership, 81 % des entreprises françaises prévoient d’utiliser des outils d’intelligence artificielle mais près de neuf sur dix reconnaissent éprouver des difficultés pour recruter les profils possédant les compétences requises

« Notre objectif est de démocratiser l’accès à la technologie, en dotant nos collaborateurs et le grand public des compétences clés pour réussir dans un monde où elle est omniprésente », affirme Julien Groues, directeur général d’AWS. 

L’expérience montre que les grandes entreprises qui portent leurs propres certifications, en particulier les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), sont davantage recherchées que les diplômes universitaires. Le géant du e-commerce n’est d’ailleurs pas le premier à se lancer dans cette démarche : au printemps dernier, Microsoft dévoilait déjà un grand plan pour former un million de Français à l’intelligence artificielle d’ici trois ans. Mais certaines grandes écoles françaises du numérique s’inquiètent également d’un risque de perte de souveraineté face à cette offensive des poids lourds américains du secteur. Cette surenchère de formation va en effet immanquablement inciter les entreprises à utiliser les outils et les méthodes développés par Microsoft ou Amazon puisque c’est sur ces supports que leurs employés auront été formés. 

Des cyberattaques en hausse constante   

Au-delà de l’opération de communication, Amazon voit aussi son intérêt propre dans ces offres de formation. Le nombre d’attaques de « phishing » contre la firme de Seattle (mais aussi visant Google et Facebook) a en effet explosé ces derniers mois. Selon une étude du fournisseur d’antivirus Kaspersky, ces actions de hameçonnage visant à pirater les mots de passe ont bondi de 40 % en 2024 par rapport à l’année précédente. Mieux formés, les actuels ou futurs employés d’Amazon seront plus à même de débusquer et de neutraliser ces cyberattaques. Pas plus tard qu’en novembre dernier, Amazon avait confirmé une violation de données (adresses e-mail, numéros de téléphone et emplacements des bâtiments où travaillent ses employés…) via l’outil MOVEit, utilisé par un de ses fournisseurs de gestion immobilière. L’affaire avait fait grand bruit. La société spécialisée en cybersécurité Hudson Rock avait révélé l’affaire après la publication, par le compte Lam3L3sssur un forum dédié aux fuites de données, d’un fichier contenant 2,8 millions d’enregistrements liés à Amazon. Toujours dans un but de prévention, l’été dernier, le géant de Seattle et la Global Cyber Alliance, une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de rendre l’internet plus sûr, annonçaient le lancement du site CyberFlex, destiné à aider les jeunes âgés entre 18 et 25 ans à éviter les escroqueries et la cybercriminalité. Depuis, la plateforme propose des informations ciblées, y compris des outils gratuits, des guides interactifs et des messages d’alerte pour empêcher, réduire et signaler les escroqueries et autres cyber risques, ainsi que récupérer ses données.

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