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La Finlande ambitionne de devenir une nation-cadre dans le cyber otanien


Avant de rejoindre l’OTAN, la Finlande avait un statut de pays neutre vis-à-vis de la Russie et de l’Occident. Comparée à ses voisins, notamment russes, la Finlande est un petit pays — démographiquement parlant. Prenant en compte cette réalité, le pays a mis au point une armée basée sur une importante utilisation des réservistes. Pouvant mobiliser environ 280 000 personnes, elle devient l’une des principales armées de l’OTAN derrière les États-Unis et la Turquie. L’intégration de la Finlande au sein de l’Alliance ne se limite pas à une simple adhésion politique ou militaire, elle s’inscrit dans une vision plus large où la cybersécurité devient un pilier central de la défense collective. En accueillant des centres de recherche et en augmentant ses investissements dans la cybersécurité, elle se positionne comme un leader capable d’influencer les politiques et les stratégies de l’Alliance dans le domaine numérique. De plus, en contribuant activement au renforcement des capacités cybernétiques de l’OTAN, Helsinki envoie un message clair : la Finlande est prête à jouer un rôle crucial dans la défense collective contre les menaces numériques, et à participer pleinement à la sécurité de l’Europe et de l’Alliance. Une stratégie encouragée par les États-Unis, conscients des risques qui pèsent sur le Vieux Continent. Selon le témoignage d’un haut-gradé américain, « le théâtre européen fait face à des concurrents proches de plus en plus agressifs et à un environnement de menaces hybrides considérablement élargi, posant des risques significatifs pour l’Alliance ».
La Finlande se place au cœur de la stratégie de l’OTAN
L’OTAN souhaite rester à la pointe de la technologie dans le domaine de la Défense. Ainsi, en 2022, elle lance le programme DIANA (Defense Innovation Accelerator for the North Atlantic). Cette initiative a pour objectif de réunir les entreprises, les centres de recherches, les start-ups et les militaires pour mettre au point des technologies qui sauront faire face aux défis sécuritaires de demain. L’objectif est de se concentrer sur les technologies quantiques, les matériaux novateurs, la biotechnologie et l’intelligence artificielle. Les premiers appels à projets sont lancés en 2023 et s’orientent principalement sur trois domaines : le partage sécurisé d’informations, la surveillance et la résilience énergétique. Parmi les principales entreprises sélectionnées, on peut retrouver la compagnie lituanienne Astrolight. Cette société s’est spécialisée dans les communications laser et développe des systèmes de communication sécurisés basés sur cette technologie. On peut également citer la compagnie britannique Ionate, qui développe des plateformes énergétiques intelligentes visant à améliorer la résilience en approvisionnement énergétique, ou encore la société canadienne Phantom photonics spécialisée dans l’analyse d’image et la détection quantique.
C’est dans ce cadre que la Finlande développe sa stratégie cyber. Au cœur de cette ambition, deux nouveaux centres de recherche seront implantés à Espoo et Oulu. Ces centres se focaliseront sur des technologies de pointe, y compris les communications sécurisées, les technologies quantiques et les applications spatiales. L’objectif est clair : doter la Finlande et ses alliés de capacités technologiques avancées pour faire face à un environnement de sécurité en constante évolution. Espoo, une ville déjà reconnue pour son écosystème technologique dynamique, abritera un centre axé sur les communications sécurisées, un domaine essentiel dans un contexte où la guerre de l’information et les cyberattaques sont de plus en plus sophistiquées. Oulu, quant à elle, se concentrera sur les technologies quantiques et spatiales, deux secteurs à fort potentiel pour le futur de la cybersécurité et de la défense. Ces efforts sont reconnus par les membres de l’OTAN et notamment les États-Unis : « Avec nos alliés et partenaires de l’OTAN — notamment la Finlande — nous devons être résilients et capables de résister et de nous remettre des attaques dans le domaine du cyberespace. Cela est nécessaire pour empêcher les adversaires de dégrader les systèmes et réseaux critiques que nous partageons et desquels nous dépendons. »
Développer une stratégie nationale en cybersécurité
Parallèlement à ces initiatives, la Finlande révise sa stratégie nationale de cybersécurité. Depuis qu’elle a rejoint l’Alliance atlantique, elle fait face à une importante augmentation des cyberattaques. Le message est clair et le commanditaire tout désigné : la Russie. La Finlande partage plus de 1300 km de frontières avec cet important voisin. Helsinki ne peut plus se contenter de mesures de défense classiques. L’évolution rapide des menaces numériques impose une réponse agile et innovante, capable de protéger les infrastructures critiques tout en préservant la souveraineté numérique du pays. Cette révision stratégique s’accompagne d’un investissement significatif : un budget accru de 350 millions de dollars pour 2024 sera alloué à la cybersécurité. Ce financement vise à renforcer la résilience cyber de la Finlande en développant des capacités de détection et de réponse aux incidents plus robustes, en modernisant les infrastructures numériques et en soutenant la recherche et le développement dans le domaine. En somme, la Finlande s’affirme comme un acteur incontournable de la cybersécurité au sein de l’OTAN. Grâce à ses investissements stratégiques et à son engagement envers l’innovation technologique, le pays se dote des moyens nécessaires pour non seulement protéger ses propres infrastructures, mais aussi contribuer activement à la sécurité collective de l’Alliance. Dans un monde où la menace cybernétique est en constante évolution, la Finlande montre qu’elle est prête à relever les défis de demain en se plaçant à l’avant-garde de la défense numérique.
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