Cette coopération est devenue un élément clé des relations bilatérales entre les deux pays, fondée sur des intérêts mutuels.

Économie, défense, politique… Depuis plusieurs décennies, Israël et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations dans ces domaines. Cependant, au cours des dernières années, ces deux nations ont renforcé leur collaboration dans le cyberespace et de la cyberdéfense. L’Azerbaïdjan est en effet riche en ressources naturelles, notamment en pétrole et en gaz, et cherche à diversifier son économie. Israël est, de son côté, reconnu pour son expertise en matière de technologie et d’innovation.

Les entreprises israéliennes, spécialisées dans la cybersécurité, ont noué des liens étroits avec l’Azerbaïdjan, fournissant des services de conseil, des solutions de sécurité et des produits de cyberdéfense. Cette collaboration économique a renforcé la position de l’État hébreu en tant que cyberpuissance et a permis à l’Azerbaïdjan de renforcer ses capacités dans ce domaine crucial.

Autre secteur clé : celui des hydrocarbures. Tel-Aviv importe 40% de son brut par l’intermédiaire du pipeline Baku-Tbilissi-Ceyhan, qui passe par la Turquie pour desservir Israël. ​La State Oil Company of Azerbaijan Republic (SOCAR), la compagnie pétrolière nationale d’Azerbaïdjan, est responsable de l’exploration, de la production, de la transformation et du transport de pétrole et de gaz.

Alliance militaire

Autre élément central de leur partenariat : les relations militaires. L’Azerbaïdjan a été en conflit avec l’Arménie au sujet du Haut-Karabakh (premier conflit entre 1988 et 1994, le deuxième entre septembre 2020 et novembre 2020). Israël a fourni à ce pays du Caucase un soutien en matière d’armement et de formation. Cela a contribué à renforcer les liens entre les deux pays, en particulier dans le domaine de la cyberdéfense.

L’État hébreu a aidé l’Azerbaïdjan à développer ses capacités de cybersécurité militaire, renforçant ainsi sa défense contre les cyberattaques potentielles. De plus, les deux pays ont également collaboré sur le renseignement et le partage d’informations liées à la sécurité, renforçant ainsi leur position dans une région instable.

Ainsi, la compagnie israélienne NSO group a vendu à Bakou son logiciel espion Pegasus.Tel-Aviv a aussi des fourni des drones Hermes 450/900 de l’entreprise Elbit Systems. Outre leurs capteurs électroniques, ces drones permettent aux militaires azerbaïdjanais d’obtenir une modélisation numérique du terrain.

Grâce à ces données, Bakou possède une cartographie plus précise pour ses opérations terrestres. Cela renforce surtout la précision de leurs tirs d’artillerie. La coopération en matière de cybersécurité entre Israël et l’Azerbaïdjan ne se limite donc pas qu’à de simples intérêts commerciaux.

Comme l’explique le journaliste Emile Bouvier, Bakou et Tel-Aviv ont noué des liens très forts dans le domaine cyber. Le 17 novembre 2022, les autorités azerbaïdjanaises ont annoncé la création prochaine d’un centre de cybersécurité sur le sol azerbaïdjanais avec le soutien d’Israël. Objectif : « former des spécialistes et des instructeurs hautement qualifiés dans le domaine de la cybersécurité », visant à former « plus de 1 000 personnes, dont 15 instructeurs hautement qualifiés, dans les trois ans à venir ».

Rencontres bilatérales

L’association des organisations de cybersécurité d’Azerbaïdjan (AKTA) s’est rendu, début 2023, sur le territoire hébreu afin d’y rencontrer des entités gouvernementales et privées. Objectif : renforcer la coopération des deux pays en cybersécurité. Dans le cadre de ce voyage, la délégation d’AKTA a visité la conférence et l’exposition CyberTech Global Tel Aviv 2023, qui se tiennent chaque année à Tel-Aviv.

Lors de l’exposition, les activités de plus de 100 entreprises spécialisées dans la cybersécurité, ainsi que les possibilités d’utilisation potentielle des technologies et solutions présentées, ont été étudiées.

En marge de l’événement, la délégation d’AKTA a tenu des réunions bilatérales avec plusieurs entreprises susceptibles de contribuer au renforcement du potentiel scientifique, technique et humain de l’Azerbaïdjan dans le domaine de la cybersécurité. À cette fin, des présentations ont été faites concernant les produits et services de Magnifica, Flowsec, Flycomm, Hexatone, TripleP, Blackstone et d’autres entreprises israéliennes, et les possibilités de développer des projets conjoints en Azerbaïdjan ont été discutées.

En particulier, un échange de vues sur le développement de l’écosystème des start-ups en Azerbaïdjan et les possibilités de développement de nouvelles jeunes pousses, ainsi que le renforcement de la recherche et des ressources humaines dans le domaine de la cybersécurité, a été tenu. La délégation d’AKTA a également visité les sièges de plusieurs autres institutions et entreprises spécialisées dans le domaine de la cybersécurité.

Parmi celles-ci, les réunions et discussions tenues avec les représentants du CERT national d’Israël (IL-CERT), dans la ville de Be’er-Sheva, revêtent une importance particulière. Lors de la réunion, un accord préliminaire a été atteint pour fournir un soutien dans la formation de spécialistes spécialisés en cybersécurité en Azerbaïdjan. Avec pour ambition de créer des possibilités de stages de courte durée dans les conditions de laboratoire du CERT national israélien.

Cette coopération entre les deux États s’inscrit de surcroît dans un contexte régional particulier. Sur le plan politique, les deux pays ont développé une relation stratégique fondée sur des intérêts communs : lutte contre le terrorisme, stabilité régionale et promotion de la sécurité. Israël et l’Azerbaïdjan ont également soutenu mutuellement leurs positions sur la scène internationale, notamment sur le conflit Arménien.

Israël a continué en effet à fournir du matériel militaire à l’Azerbaïdjan durant le conflit. Comme l’explique le journaliste Thierry Oberlé : « Human Rights Watch (HRW) a démontré ce qui était un secret de polichinelle : l’Azerbaïdjan a recours à des armes à sous-munitions de fabrication israélienne dans sa guerre au Haut-Karabakh. HRW évoque notamment des roquettes de type LAR-160, dont des débris ont été retrouvés dans des secteurs bombardés de Stepanakert, la capitale de la République arménienne autoproclamée du Haut-Karabakh. »

Restez informés en temps réel
S'inscrire à
la newsletter
En fournissant votre email vous acceptez de recevoir la newsletter de Incyber et vous avez pris connaissance de notre politique de confidentialité. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment en cliquant sur le lien de désabonnement présent dans tous nos emails.
Restez informés en temps réel
S'inscrire à
la newsletter
En fournissant votre email vous acceptez de recevoir la newsletter de Incyber et vous avez pris connaissance de notre politique de confidentialité. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment en cliquant sur le lien de désabonnement présent dans tous nos emails.