La directive sur le secret des affaires adoptée par Sandrine Cullafroz-Jos, du cabinet PwC Avocats
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Le 14 avril 2016, le Parlement européen a adopté, en première lecture, la proposition de Directive sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites, telle qu’amendée par la Commission des affaires juridiques. Bien que controversé, le texte instaure les bases d’un régime européen harmonisé de protection et de réparation civile des atteintes au secret des affaires.
Les points essentiels de la Directive
Conformément aux Accords Internationaux sur la Protection des Droits Intellectuels (ADPIC) conclus dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce, la nouvelle Directive consacre une définition du secret des affaires qui repose sur 3 critères cumulatifs :
Sont donc visées ici toutes les informations commerciales ou économiques du patrimoine informationnel des entreprises susceptibles de leur conférer un avantage concurrentiel, mais qui ne peuvent, par leur nature, être protégés par les droits de propriété intellectuelle.
La Directive détaille encore une typologie des atteintes considérées comme illicites, à savoir l’obtention, l’utilisation, et la divulgation d’un secret d’affaires. A fortiori, la production, l’offre, la mise sur le marché, ou l’importation, l’exportation ou le stockage à ces fins de biens en infraction seront également considérés comme une utilisation illicite de l’information protégée.
Afin de concilier les objectifs de protection de la Directive avec les libertés fondamentales d’expression et d’information, les instances européennes ont expressément exclu le droit à réparation au bénéfice des victimes de vol ou de détournement de secrets d’affaires lorsque celui-ci a été acquis, utilisé ou communiqué dans les circonstances suivantes:
Prochaines étapes
Le texte adopté par le Parlement devrait désormais être examiné par le Conseil de l’Union Européenne en vue de son ultime publication dans le Journal officiel de l’Union européenne. A compter de cette publication, les 28 États membres disposeront de 2 ans pour transposer la Directive dans leur droit national.
Conséquences pour les entreprises
Dans un contexte mondialisé et à forte compétitivité, la Directive complète les fondements juridiques traditionnels auxquels les entreprises peuvent recourir pour encourager l’innovation et lutter contre l’espionnage industriel et économique.
Afin d’anticiper utilement la transposition des nouvelles dispositions en droit internet, les entreprises devront veiller à classifier leurs données par niveau de sensibilité et à organiser la protection des secrets d’affaires par le biais de mesures de confidentialité adéquates à la fois sur les plans juridique et technologique.