L’échangeur crypto illicite Bitzlato démantelé
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La justice et la gendarmerie françaises ont piloté l’opération internationale, qui a conduit à six arrestations
Les autorités judiciaires ont annoncé, le 18 janvier 2023, l’arrestation d’Anatoly Legkodymov. Ce citoyen russe est soupçonné d’être le fondateur de Bitzlato, un important échangeur de cryptomonnaies, peu regardant sur l’identité de ses clients. Résient habituel de Shenzen, en Chine, le suspect, surnommé « Gandalf », vivait depuis octobre 2022 aux Etats-Unis.
Cette arrestation s’inscrit à la suite d’une enquête internationale ouverte par la section cyber du parquet de Paris. Elle visait des « faits de blanchiment liés à des infractions de piratage informatique ou d’extorsion ». Selon le général Marc Boget, commandant de la gendarmerie dans le cyberespace, elle a mobilisé 250 enquêteurs, dont 50 gendarmes français.
L’opération a par ailleurs conduit à l’interpellation, en Europe, de cinq autres cadres dirigeants de Bitzlato. Elle a aussi permis la mise sous saisie judiciaire du site, en France. Bitzlato utilisait en effet « au moins un hébergeur en France auprès de qui la société louait des serveurs dédiés », selon le parquet de Paris. Les cybergendarmes français ont par ailleurs saisi 16 millions d’euros d’avoirs criminels.
Des cybercriminels utilisaient Bitzlato pour blanchir des fonds obtenus illégalement. La plateforme aurait notamment permis « d’échanger » 15 millions de dollars issus d’attaques par rançongiciels. Selon Marc Boget, « tous les grands gangs de rançongiciels utilisaient Bitzlato ». Chainalysis pointe en particulier Phobos, AstroLocker et Dharma.
Mais la plateforme a surtout permis de blanchir environ 700 millions de dollars de revenus issus de Hydra, le « supermarché du crime ». Démantelée en 2022, cette plateforme russe du darknet était le site de marché noir numéro 1 dans le monde. Elle servait notamment à la vente de drogues.
Les dirigeants de Bitzlato étaient parfaitement au courant de cette utilisation criminelle de leur plateforme. Dans un échange intercepté, l’un d’eux taxait ainsi leurs clients de « toxicomanes achetant des drogues sur Hydra ». La procureure de Paris, Laure Beccuau, estime que les investigations sur Bitzlato pourraient alimenter plusieurs milliers d’enquêtes judiciaires.