Messenger appliquera bientôt le chiffrement de bout en bout par défaut

Cette évolution était attendue depuis des années et se trouve au cœur d’une controverse sur un avortement illégal au Nebraska.

Timothy Buck, chef de produit chez Messenger, a annoncé, le 23 août 2023, que la messagerie de Facebook proposera prochainement le chiffrement de bout en bout (end-to-end encryption ou E2EE) par défaut. Annoncée depuis des années, cette évolution pourrait être disponible d’ici fin 2023. Instagram pourrait en bénéficier également à moyen terme.

Selon Timothy Buck, le retard de Meta provient en partie de la conception initiale des messageries d’Instagram et de Facebook, qu’il a fallu modifier : tous les messages transitaient par des serveurs appartenant à l’entreprise – ce qui est incompatible avec l’E2EE.

Pour ce faire, les équipes de Messenger se sont inspirées de WhatsApp, qui appartient également à Meta. « Nous tirons des enseignements des ingénieurs de WhatsApp sur la manière de diffuser des messages à grande échelle et à grande vitesse dans un environnement E2EE. Nous avons appris qu’il fallait que le système soit évolutif et fiable et qu’il soit aussi simple et léger que possible », indique Timothy Buck.

Cette annonce survient dans un contexte tendu pour Meta sur la question de l’E2EE. En 2022, la firme a fourni à la police du Nebraska le contenu de conversations privées sur Messenger entre une mère et sa fille, portant sur l’avortement de cette dernière. La jeune femme de 19 ans a été condamnée, fin juillet 2023, à trois mois de prison pour avortement illégal. Sa mère risque jusqu’à cinq ans de prison.

Meta affirme que l’injonction lui demandant de divulguer les messages n’évoquait pas l’avortement. Mais l’E2EE par défaut aurait empêché à la firme d’accéder à ces échanges et donc de les transmettre aux forces de l’ordre. Des associations de défense des libertés pressent depuis Meta d’adopter dès que possible l’E2EE.