Les polices européennes prennent position contre le chiffrement de bout en bout

Les forces de police de 32 états européens ont fait état, le 21 avril 2024, de leurs inquiétudes sur le déploiement du chiffrement de bout en bout par les applications de messagerie instantanée. Les 27 États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse, l’Islande et le Liechtenstein ont ainsi signé la déclaration commune. 

« Les entreprises ne seront plus en mesure de répondre efficacement aux autorités compétentes. Elles ne pourront plus, non plus, identifier ou signaler les activités illégales sur leurs plateformes », lit-on dans le communiqué.

Fin 2023, Meta a en effet annoncé la généralisation du chiffrement de bout en bout sur Messenger pour 2024 ; Instagram devrait suivre l’année prochaine. Cette évolution pourrait diviser par dix les signalements d’abus sexuels par ces deux plateformes, selon la National Crime Agency (NCA), l’agence britannique de lutte contre le crime organisé.

« Le chiffrement peut être extrêmement bénéfique, en protégeant les utilisateurs contre toute une série de crimes. Mais son déploiement brutal et de plus en plus répandu (…), sans tenir suffisamment compte de la sécurité publique, met les utilisateurs en danger », a ainsi déclaré Graeme Biggar, directeur général de la NCA.

Catherine de Bolle, directrice exécutive d’Europol, estime quant à elle que « les entreprises technologiques ont la responsabilité sociale de développer un environnement plus sûr, où les forces de l’ordre et la justice peuvent faire leur travail ». 
La déclaration ne contient toutefois aucune préconisation technique pour concilier protection de la vie privée et possibilité d’accéder à des conversations sur des activités illégales. Elle propose uniquement la mise en place d’une « sécurité dès la conception », sans plus de précisions.

https://www.usine-digitale.fr/article/les-forces-de-police-europeennes-s-insurgent-contre-le-chiffrement-de-bout-en-bout-sur-les-messageries-instantanees.N2211945