- Accueil
- Transformation numérique
- Shaping Europe’s Digital Future
Shaping Europe’s Digital Future
Le 15 septembre, devant le Parlement européen, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a prononcé son discours sur l’état de l’Union.
Bien évidemment les questions relatives à la pandémie ont tenu une place importante, mais le numérique est revenu à plusieurs reprises dans les propos de la présidente qui souhaite « l’attention des dirigeants et un dialogue structuré au plus haut niveau ».
Rappelant la nécessité d’investir dans les compétences numériques[1], la présidente a souligné l’importance de la maîtrise des technologies qui façonnent la transformation numérique : 5G, fibre, intelligence artificielle, semi-conducteurs, etc. Les dépenses au titre du volet numérique de NextGenerationEU [2]dépasseront l’objectif de 20 %, témoignant ainsi de l’importance d’investir dans la souveraineté technologique européenne, en conjuguant les capacités de recherche, de conception et d’essai de classe mondiale, en coordonnant les investissements de l’UE et des États membres sur l’ensemble de la chaîne de valeur. L’annonce la plus marquante, concernant la stratégie industrielle, est celle relative à un European Chips Act. Sans puces, pas de numérique ! Or l’Europe est trop dépendante des microprocesseurs les plus avancés fabriqués en Asie, sa part, de la conception à la capacité de fabrication, ayant diminué. Il faut sécuriser les approvisionnements et permettre à l’Europe de développer de nouveaux marchés pour des technologies européennes novatrices. S’agissant du marché unique, la présidente a rappelé notamment les travaux en cours relatifs à la régulation des plateformes afin de restreindre le pouvoir de contrôleur d’accès dont elles jouissent et de les mettre en face de leurs responsabilités démocratiques. C’est ainsi faire référence au projet de directive (Digital Market Act), en cours d’élaboration.
Enfin le discours de la présidente a laissé une large place à la cybersécurité, évoquant la nature des menaces auxquelles l’Europe est confrontée. Les technologies de rupture ont considérablement nivelé le pouvoir de nuisance et ouvert de nouvelles voies pour des États voyous ou des groupes non étatiques. « Vous n’avez plus besoin d’armées ni de missiles pour causer des dégâts de très grande ampleur. Vous pouvez mettre à l’arrêt des installations industrielles, des services municipaux et des hôpitaux — vous n’avez besoin que de votre ordinateur portable. Vous pouvez perturber tout un processus électoral avec un smartphone et une connexion internet ».
« Si tout est connecté, tout peut être piraté », poursuit Ursula von der Leyen. L’Europe doit avoir, selon la présidente, l’ambition d’être à la pointe de la cybersécurité. « C’est ici en Europe que les outils de cyberdéfense devraient être développés. C’est pourquoi nous avons besoin d’une politique de cyberdéfense européenne, notamment d’une législation établissant des normes communes dans le cadre d’une nouvelle loi européenne relative à la cyber-résilience ». Ainsi est annoncé un futur European Cyber Resilience Act qui doit encadrer une hyperconnexion qui s’accélère avec le développement de la 5G puis de la 6G.
Le discours d’Ursula von der Leyen s’inscrit dans la continuité d’une stratégie accélérée par la Commission depuis deux ans. La pandémie a sans doute relégué au second plan l’impact médiatique des annonces. L’heure est venue de mettre en perspective l’ensemble des stratégies sectorielles annoncées successivement et qui donne l’impression d’un « mille feuilles ».
L’Europe du numérique a d’abord été conçue pour servir le développement du Marché unique. Mais, depuis peu, souveraineté et cybersécurité sont deux objectifs que poursuit la Commission, dans un contexte stratégique marqué par la domination des deux super-puissances numériques, les États-Unis et la Chine. Pourtant, l’Europe ne manque pas d’atouts. Un discours unitaire et ambitieux, suivi d’actions efficaces et soutenues dans le temps, lui faisait encore défaut. En mars 2021, la Commission européenne a montré le chemin en lançant son programme “Décennie numérique”. La place de la cybersécurité dans cette stratégie est essentielle. Elle en est à la fois la clé de voûte et le fer de lance.
Dans l’immédiat, d’un point de vue opérationnel, l’Europe doit être en mesure de répondre à la multiplication et à la sophistication des cybermenaces, ainsi qu’à toutes formes d’insécurité, y compris dans le champ informationnel.
La réponse opérationnelle s’appuie sur un socle industriel qui garantisse une autonomie stratégique. Après avoir défini des normes exigeantes en matière de sécurité et de protection des données personnelles, l’Europe doit réunir les conditions permettant aux écosystèmes de se développer, qu’il s’agisse du cloud computing, de l’intelligence artificielle, de l’informatique quantique ou des semi-conducteurs.
Les voies et moyens de la cybersécurité appellent une posture politique. L’Europe doit se doter des outils diplomatiques lui permettant de « persuader », à défaut de les “dissuader”, d’éventuels adversaires et de faire valoir ses intérêts et sa vision d’un monde numérique durable, centré sur l’Humain, et s’appuyant sur les valeurs partagées.
Après le temps de la réflexion, voici venu celui du pragmatisme et de l’action ! Les multiples projets législatifs (NIS2, cyberrésilience, e-evidence, sécurité des produits, DMA, DSA, semi-conducteurs, etc.) ne porteront leurs fruits que s’ils s’accompagnent d’une montée en puissance rapide des capacités (opérationnelles, technologiques, militaires, diplomatiques, industrielles…) concourant à la cybersécurité. Mais la première condition est la mobilisation des talents et des compétences. À l’heure où les alliances historiques s’affaiblissent ou de délitent, la question se résume ainsi : « être européen ou ne pas être ». Europe kicks off!
[1] Recommandation n°1 du Livre Banc « Faire de la cybersécurité la clé de voûte de la souveraineté numérique européenne » présenté le 9 septembre par l’Agor@ du FIC.
[2] “Next Generation EU”, est le nom donné au plan de relance européen de 750 milliards d’euros validé par les 27 chefs d’État et de gouvernement le 21 juillet 2020.
la newsletter
la newsletter