Le 3 juin dernier se tenait à l’occasion du salon Virtual FIC une session consacrée à la régulation de l’espace numérique. Des échanges qui ont mis en exergue la nécessité d’accroître les différentes coopérations pour faire face aux défis posés par une digitalisation toujours plus grande de nos activités.

« La défiance va-t-elle l’emporter ? ». C’est par cette question aux allures polémiques que s’est ouvert l’échange organisé par le Forum international de la cybersécurité. Pourtant, la liste des écueils à franchir dans le domaine a de quoi justifier cette inquiétude : cybercriminalité en forte hausse (un quadruplement des attaques par rançongiels entre 2019 et 2020 a ainsi été enregistré par l’ANSSI), plateformes structurantes hors de portée du bras européen, données qui doivent être mieux maîtrisées… Les difficultés tendent à s’accumuler, et appellent à une collaboration de tous.

 

La cybersécurité, de la gendarmerie aux entreprises

Et c’est dans un domaine aussi régalien que la lutte contre la cybercriminalité que l’engagement collectif s’avère d’abord primordial. Ainsi, le plan de renforcement de la cybersécurité présenté par Aurélien Palix, sous-directeur en charge des réseaux et usages numériques à la Direction Générale des Entreprises, se veut-il une incitation à la coopération, avec notamment la création d’un campus Cyber ouvert à une pluralité d’acteurs – parmi lesquels la Gendarmerie -, et dont l’une des tâches sera de former les personnels et favoriser la montée en compétences dans le numérique.

Une synergie nécessaire appuyée par Jean-Claude Laroche, Président du Cercle Cybersécurité du CIGREF, pour qui la réponse à apporter à la criminalité sur internet se doit d’être « systémique ». Cette dernière devrait ainsi englober à la fois une augmentation des moyens policiers et judiciaires consacrés à cette tâche, et un effort des « utilisateurs de grandes solutions numériques » que sont les adhérents du CIGREF, qui devraient dégager « des budgets consacrés à la sécurisation qui soient conséquents, et à la hauteur des enjeux ».

L’État comme force d’impulsion du secteur privé

Une question pécuniaire que l’on retrouve par ailleurs au centre du plan de renforcement de la Cybersécurité, dont la structure financière est une illustration du partenariat obligé entre sphère publique et sphère privée – la première amenant sur la table 720 M€, la seconde 319 M€. Une enveloppe qui, pour une part importante, ne sera pas allouée à des investissements direct, puisqu’elle consacrera 176 M€ au soutien à l’adoption de solutions cyber, et 148 M€ au renforcement des liens entre les acteurs de la filière.

Deux objectifs qui découlent d’un constat simple : la manne étatique, qui n’est pas un « puits sans fond » comme l’a rappelé Aurélien Palix, ne suffira pas à répondre à l’ampleur de la tâche. L’État souhaite ainsi ajouter aux financements immédiats destinés au développement de solutions innovantes et souveraines, des initiatives propres à mettre au monde, par la coopération, des productions globales compétitives, qui bénéficieront ensuite d’une demande solide de la part d’un public français sensibilisé à la question de la cybersécurité.

Un lobbying au service de l’action politique

Si l’argent est le nerf de la guerre, l’information en serait elle plutôt le guide. La société civile a ainsi elle aussi un rôle de support à jouer. Comme l’a souligné Danielle Jacobs, directrice de l’association Beltug : « Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que la Commission Européenne sache tout ce qu’il se passe sur le marché, ce que nous pensons être notre tâche ». « Nous sommes ici pour avoir plus d’influence sur la Commission Européenne » a pu de son côté ajouter le Président du CIGREF Bernard Duverneuil.

Une position en amont des hommes politiques assumée par les associations, qui permettrait de les sensibiliser à des questions essentielles pour le secteur. Et la friche est imposante. Du respect des exigences européennes en matière de sécurité de la part des producteurs de logiciels, à leur conformité au Règlement général sur la protection des données (RGPD), en passant par l’amélioration du droit de la concurrence, les obstacles à franchir pour établir une confiance et une stabilité propices au développement économique sont en effet encore nombreux.

L’Europe, taille critique

Et si l’échelon européen est particulièrement visé, c’est parce qu’il est le seul permettant aux pays du Vieux Continent de ne pas finir en « colonie » digitale des États-Unis et de la Chine, selon le mot de Joachim Reichel, membre du Board de Voice. Ainsi, si les grandes plateformes digitales ont été plusieurs fois évoquées, c’est la nécessité de leur régulation qui a dominé les débats. Un mouvement bien amorcé par l’Union européenne, qui entend imposer un cadre plus ferme à ces oligopoles à travers les deux règlements Digital Markets Act et Digital Services Act, présentés le 15 décembre dernier.

Restez informés en temps réel
S'inscrire à
la newsletter
En fournissant votre email vous acceptez de recevoir la newsletter de Incyber et vous avez pris connaissance de notre politique de confidentialité. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment en cliquant sur le lien de désabonnement présent dans tous nos emails.
Restez informés en temps réel
S'inscrire à
la newsletter
En fournissant votre email vous acceptez de recevoir la newsletter de Incyber et vous avez pris connaissance de notre politique de confidentialité. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment en cliquant sur le lien de désabonnement présent dans tous nos emails.